CIGARETTE ELECTRONIQUE: ENQUÊTE...

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CIGARETTE ELECTRONIQUE :

UNE ENQUËTE POINTE DES ANOMALIES…

Rédigé par Jacques Le Houezec Publié le 29 Septembre 2015

Ce soir, le journal de TF1 reprend une dépêche de l'AFP sur une enquête de la DGCCRF. L'information commence à se répandre dans d'autres médias, ici aussi.

Que dit cette "information" ?

"La campagne de vérifications de la DGCCRF conclut à une non-conformité de 90 % des liquides prélevés et de près de la totalité des chargeurs."

"Réalisée en 2014, cette campagne de vérifications conclut à une non-conformité de 90% des liquides prélevés et de près de la totalité des chargeurs. Concernant les recharges de liquide, la DGCCRF a pointé du doigt de «nombreuses anomalies d'étiquetage» ainsi que des «produits non conformes et/ou dangereux»."

"Sur 110 analyses chimiques effectuées sur les liquides, la DGCCRF a relevé 90 % de produits non conformes, "l'étiquetage n'étant pas adapté à la composition du produit analysé", comme par exemple sur la présence ou le taux de nicotine. Par ailleurs, 6 % de ces produits ont été jugés "dangereux" pour des motifs d'absence d'étiquetage de danger ou d'absence de dispositif de fermeture de sécurité pour enfants. Concernant les chargeurs, sur les 14 modèles analysés, "13 ont été déclarés non conformes dont 9 dangereux en raison des risques de choc électrique liés à un défaut d'isolation", ajoute la DGCCRF."

Tout d'abord, il semble que cette campagne de vérification de la DGCCRF ait été réalisée en 2014. Nous sommes fin septembre 2015. Faut-il aussi longtemps à la DGCCRF pour analyser sa campagne, ou bien les autorités ont-elles attendu le "bon moment" pour les faire connaitre? Rappelons ici que la DGCCRF est sous la tutelle du Ministère des Finances, pas de la Santé !

Faut-il aussi rappeler l'épisode désastreux pour la santé publique qu'a été le débat de la loi de santé au Sénat?

Bref, ça sent un peu l'information pilotée. Attendons demain pour voir si nos médias tombent tous dans le panneau, ou si certains sortiront du lot. Dans tous les cas, ils ne seront pas nombreux à sortir du lot. C'est tellement plus simple de faire un copié-collé d'une dépêche de l'AFP, plutôt que de prendre le temps d'appeler quelques experts pour voir ce qu'ils en pensent.

Non seulement je suis un scientifique qui s'intéresse au phénomène de la vape, puisque pour moi c'est une révolution dans le domaine de l'arrêt du tabac, mais je suis aussi un scientifique de terrain. Je vais dans les boutiques, je me renseigne, je rencontre les différents acteurs du secteur, et je fais des enquêtes et des études. J'ai même été en Chine pour parler de nicotine (mon sujet préféré!), où j'ai appris que le marché français était très particulier et difficile pour eux. En effet, plus de 60% du marché français du liquide pour vaporisateur personnel (vous savez bien que je n'aime pas le terme de cigarette électronique) est d'origine française. Le vapeur français vape français! (le Ministère de l'économie devrait en être fier!)

Alors donc, sur 110 analyses (il leur a fallu tant de temps pour analyser 110 échantillons?) la DGCCRF a relevé 90% de produits non conformes, surtout concernant la nicotine. Il se trouve que j'ai aussi fait une étude avec le Dr Farsalinos sur le contenu en nicotine de liquides français (lui l'a fait sur des liquides grecs). Nous n'avons pas encore publié cette étude, mais ce que je peux vous dire, c'est que sur 21 liquides français analysés (il y en avait plus, mais la poste a malmené le colis et ils n'ont pas pu être tous analysés, car il y avait eu des fuites), 8 présentaient un taux de nicotine non conforme, dont 3 avaient une concentration supérieure et 5 avaient une concentration inférieure à celle annoncée. Ce qui veut dire que 13/21 (62%) avaient un étiquetage conforme. De plus, comme le Pr Peter Hajek, l'un des auteurs du rapport anglais (Public Health England), ne cesse de le répéter, et avec qui je suis tout à fait en accord, la précision du taux de nicotine ne pose absolument aucun problème. Un fumeur (la très grande majorité des vapeurs) sait doser sa nicotine, et donc sait inhaler la dose dont il a besoin et modifie en conséquence son inhalation pour obtenir ce qu'il recherche. Le surdosage en nicotine n'existe tout simplement pas. Le Pr Peter Hajek dit d'ailleurs, que comme sur les paquets de café (la nicotine n'est ni plus ni moins qu'un stimulant au même titre que la caféine) il n'est même pas nécessaire de préciser le taux en mg, mais de simplement indiquer fort, moyen ou léger, voire décaféiné, il pourrait en être de même sur les e-liquides.

La DGCCRF dit aussi que 6% (mon ... c'est énorme) ont été jugés dangereux, à cause d'absence d'étiquetage ou de bouchon de sécurité. Personnellement, je ne connais pas une marque de liquide français qui répond à cette définition, et s'il ne s'agit que de 6% des liquides, il ne doit pas être difficile de faire respecter la norme (qui je le précise, n'existait pas en 2014 !). Quant aux chargeurs, qui ne sont pas mon domaine, je ne pense pas qu'il y ait plus de raison que ceux destinés à la vape soit si différents des ceux destinés aux téléphones portable...la DGCCRF s'en occupe-t-elle aussi?

Quoi d'autre ?

"Cet organisme précise avoir procédé à "plus de 1 300 saisies de produits" non-conformes et dangereux et à "plus de 56 000 retraits et/ou rappels de la commercialisation". Des procédures contentieuses ont été établies parallèlement. La DGCCRF indique être "en contact permanent avec les professionnels du secteur (fabricants, importateurs, distributeurs, buralistes, etc.) afin que la réglementation soit davantage respectée". Elle annonce qu'elle va "continuer ses enquêtes visant à contrôler ce secteur d'activité"."

C'est très bien que la DGCCRF soit en rapport avec les acteurs du secteur. Une petite précision sur le rapport entre le nombre de saisies entre les boutiques de vape et les buralistes m'intéresserait particulièrement ! J'ai comme dans l'idée que ce rapport ne serait pas en faveur de nos chers (à tous les sens du terme) buralistes.

"Selon le baromètre de l'Inpes paru en février, près de 3 millions de Français vapotent régulièrement, dont la moitié chaque jour, faisant de la France le premier marché européen en nombre de vapoteurs, devant le Royaume-Uni."

Rappelons les données que le Dr Farsalinos a présenté au vapexpo 2015 selon lesquelles (et ce ne sont pas ses données, mais celles de la Commission européenne, à travers son Eurobaromètre) près de 40% des vapeurs ont arrêté de fumer, et 36% ont réduit leur consommation de tabac, soit 3/4 des vapeurs qui ont un bénéfice par rapport à leur tabagisme antérieur. Quant à l'utilisation par les non-fumeurs, elle est tout simplement inexistante, hormis l'expérimentation, mais aucune utilisation régulière, même mensuelle.

Ce n'est vraiment pas ce que nous a montré le journal de 20h de TF1, pourquoi ? Pour quelles raisons ? Qui a donc tant besoin de dénigrer la vape aujourd'hui en France ? Je pense que vous savez aussi bien que moi répondre à ces questions.

CIGARETTE ELECTRONIQUE: ENQUÊTE...
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Publié dans Santé&bien être

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