CA S'EST PASSE UN...19 MAI

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ça s'est passé un...19 mai

  • 19 mai 1536 : Ann Boleyn décapitée

Le 19 mai 1536, Ann Boleyn est décapitée sur ordre de son mari, le roi d'Angleterre Henri VIII Tudor. Ce dernier avait pris le risque d'une excommunication et d'une rupture avec Rome pour pouvoir l'épouser mais après deux ans de mariage, il n'avait pas supporté de gros soupçons d'adultère. La fille d'Ann Boleyn et d'Henri VIII n'en règnera pas moins sur le pays. Elle en sera le plus grand souverain de toute son Histoire sous le nom d' Elizabeth 1ère.

  • 19 mai 1635 : La France dans la guerre de Trente Ans

Le 19 mai 1635, Richelieu, au nom de la France, déclare la guerre à l'Espagne. La France entre de cette façon dans la guerre de Trente Ans qui ravage l'Allemagne. Elle va y gagner l'Alsace, en prenant le risque d'une invasion qui n'est évitée que par la victoire de Rocroi, 8 ans plus tard...

Inaugurée en 1618 par une obscure querelle entre les protestants de Bohême et l'empereur d'Allemagne, la guerre avait dégénéré en conflit européen avec l'intervention de l'Espagne catholique et l'irruption du Danemark et de la Suède aux côtés des protestants.

En 1635, la paix était sur le point de revenir grâce à la victoire des Habsbourg catholiques d'Autriche et d'Espagne sur la coalition protestante. Mais la France, qui s'était jusque-là tenue à l'écart, craint que se reconstitue l'empire de Charles Quint. Richelieu s'allie donc aux puissances protestantes du Nord et relance le conflit.

Les combats sévissent dans toute l'Europe et plus particulièrement en Allemagne, où les armées de mercenaires pillent et tuent à satiété, laissant le pays exsangue. Après une lutte incertaine, la France vainc les Espagnols à Rocroi, huit ans jour pour jour après son entrée en guerre.

  • 19 mai 1643 : Le grand Condé triomphe à Rocroi

Le 19 mai 1643, le duc d'Enghien (23 ans) anéantit à Rocroi, dans les Ardennes, les redoutables « tercios » de l'infanterie espagnole. En souvenir de sa victoire, on le surnommera le « Grand Condé » après qu'il aura hérité du titre de duc de Condé sous le nom de Louis II...

Le 19 mai 1643, à Rocroi, le duc d'Enghien anéantit l'infanterie espagnole. C'est la victoire retentissante d'un général de 23 ans.

Déconvenue espagnole

La mort du cardinal de Richelieu, quelques mois plus tôt, a incité les Espagnols à attaquer la France, entrée huit ans plus tôt dans la guerre de Trente Ans. C'est ainsi que 17.000 fantassins et 8.000 cavaliers assiègent la place forte de Rocroi, dans les Ardennes, sous le commandement de don Francisco de Mello.

Le jeune duc d'Enghien est pressé d'en découdre. Il prend soin de cacher à ses troupes la mort du roi Louis XIII, survenue le 14 mai, pour ne pas les démoraliser.

Là-dessus, il attaque les Espagnols en compensant son infériorité numérique par sa rapidité de manoeuvre et en faisant un large usage de la cavalerie. Les Espagnols perdent l'essentiel de leurs forces et pas moins de 250 drapeaux.

La bataille de Rocroi met fin à la réputation d'invincibilité des «tercios»espagnols, des unités composées de piquiers, d'arquebusiers et de fantassins armés d'épées. Elle marque le retour de la France sur la scène internationale après un siècle de défaites et de guerres civiles ou religieuses. Elle constitue d'heureuses prémices pour le jeune Louis XIV (4 ans), intronisé depuis moins d'une semaine. Elle entraîne enfin un tournant dans la guerre de Trente Ans qui ravage l'Europe centrale depuis 1618.

La France, grâce à la victoire de Rocroi et aux suivantes, se trouve désormais en mesure de dicter les traités de Westphalie qui mettront fin à cette guerre en 1648.

Condé et Chantilly

La victoire inespérée de Rocroi est due au génie tactique du duc Louis d'Enghien, de la famille des Condé.

Selon la tradition, les héritiers de la famille princière des Condé portent le titre de duc d'Enghien. Ainsi de Louis II, le vainqueur de Rocroi. À la mort de son père, il hérite du titre de celui-ci et devient prince de Condé. Son appartenance à la famille régnante lui vaut d'être «premier prince du sang» et de jouir du titre de Monsieur le Prince.

Louis II est l'arrière-petit-fils de Louis 1er de Condé, oncle du roi Henri IV, tué à Jarnac en 1589. Par son mariage, il devient aussi le neveu par alliance de Richelieu. En souvenir de Rocroi, on ne tarde pas à le surnommer le «Grand Condé». Mais la gloire et les honneurs ne l'empêchent pas plus tard d'animer la Fronde des Princes puis de se mettre au service des Espagnols. Louis XIV lui pardonne sa trahison après le traité des Pyrénées et le Grand Condé revient véritablement en grâce en 1667. Recevant alors le commandement d'une armée, il s'en va conquérir la Franche-Comté.

Le souvenir des Condé perdure au château de Chantilly, au nord de Paris.

  • 19 mai 1802 : Création de la Légion d'honneur

Le 19 mai 1802, le Premier Consul Napoléon Bonaparte publie un décret qui porte création de l'Ordre national de la Légion d'honneur. Les premiers dignitaires en seront le comte de Lacépède, un naturaliste (civil), qui sera nommé Grand Chancelier, et le général Dejean (militaire), Grand Trésorier...

Le Premier Consul Napoléon Bonaparte établit le 19 mai 1802 (29 floréal An X) un Ordre national de la Légion d'Honneur. Il veut de la sorte récompenser les mérites des citoyens, tant civils que militaires, et établir une émulation civique chez les notables.

Le 8 mai 1802, à un membre du Conseil d'État qui l'interpelle sur le bien-fondé d'une décoration qui viole les principes révolutionnaires d'égalité, le Premier Consul rétorque : «On appelle cela des hochets ; eh bien, c'est avec des hochets qu'on mène les hommes !».

Un succès qui ne se dément pas

Le Tribunat accepte la Légion d'Honneur avec 56 voix seulement contre 36 et le Corps législatif avec 166 voix contre 110. L'Ordre n'en recueille un vif succès dans l'opinion, raffermissant le prestige du Premier Consul.

Il comprend d’abord quatre, puis cinq classes de légionnaires : les grades de chevalier, officier et commandeur et les dignités de grand officier et grand-croix. Il est présidé par le Premier Consul, qui lui donne pour devise «Honneur et Patrie», et dirigé par un Grand Chancelier et un Grand Trésorier. La première distribution de médailles a lieu le 14 juillet 1804 aux Invalides.

Notons que 48.000 personnes vont être élevées à la dignité de légionnaire sous le Consulat et l'Empire... dont un vingtième seulement de civils ! À la chute de Napoléon, le roi Louis XVIII maintiendra la Légion d'Honneur, substituant simplement l'effigie d'Henri IV à celle de l'Empereur sur les médailles.

En 2011, la Légion d'Honneur comptait environ 91.500 titulaires après un maximum de 320.000 en 1968.

Le collier et le musée de la Légion d'Honneur

Le chef de l'État, autrefois l'empereur ou le roi, aujourd'hui le président de la République, est de droit le grand-maître de la Légion d’Honneur. Il reçoit à ce titre le somptueux collier de grand-maître le jour de son entrée en fonction.

Ce collier porte la devise de l’ordre : Honneur et Patrie. Il comporte 17 maillons à l'avers desquels sont représentées l'une ou l'autre des activités de référence des légionnaires (activités civiles ou militaire). Au début de chaque mandat présidentiel, le nom du président est gravé au revers de l'un des maillons. L’actuel collier remonte à 1951. Il sera remplacé une fois tous les maillons gravés.

Depuis l'investiture de Valéry Giscard d'Estaing, en 1974, le collier n'est plus porté par le président mais lui est seulement présenté sur un coussin le jour de son entrée en fonction. Il est ensuite ramené dans sa vitrine du musée de la Légion d'Honneur, dans le joli hôtel de Salm (1782), au bord de la Seine et en face du musée d'Orsay.

Cet endroit accueillant, qui déroule l'histoire de la Légion d'Honneur comme de la plupart des ordres français et étrangers, vaut la visite et s'adresse aux enfants comme aux adultes. Il est gratuit et l'on n'a pas à y faire la queue comme au musée d'Orsay voisin.

  • 19 mai 1804 : Des maréchaux pour la gloire de l'Empire

Le 19 mai 1804, au lendemain d'un sénatus-consulte qui a établi l'Empire et promulgué la Constitution de l'An XII, Napoléon 1er, empereur d'un jour, porte à la nouvelle dignité de maréchal dix-huit de ses fidèles. Cette première promotion est donc composée de quatorze généraux : Berthier, Murat, Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadotte, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davout, Bessières. À ces généraux, s'ajoutent, en raison de leurs services rendus, quatre maréchaux honoraires dits « sénateurs ayant le titre de maréchaux del'Empire » : Kellermann, Lefebvre, Pérignon, Sérurier...

Le 18 mai 1804, l'Empire est proclamé par le sénatus-consulte du 28 floréal An XII etNapoléon Bonaparte devient l'empereur des Français. Cette restauration monarchique s'accompagne du rétablissement de certains attributs et fonctions de l'Ancien Régime.

Le même jour, le Sénat proclame ainsi l'instauration de la dignité de «Maréchal d'Empire», supprimée onze ans plus tôt le 21 février 1793 par la Convention. C'est l'acte de naissance de ce corps prestigieux dont les membres seront engagés aux quatre coins de l'Europe dans tous les faits d'armes de l'Empire. La légende napoléonienne lui doit beaucoup.

Prestige et honneurs

Dès le lendemain 19 mai, une première promotion de dix-huit maréchaux est proclamée. La liste comprend des fidèles de l'empereur, mais on y trouve également certains généraux sans véritable et sincère adhésion au nouveau régime. L'objectif est de les lier définitivement au pouvoir bonapartiste.

Cette première promotion est donc composée de quatorze généraux : Berthier,Murat, Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadotte, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davout, Bessières. À ces généraux, s'ajoutent, en raison de leurs services rendus, quatre maréchaux honoraires dits «sénateurs ayant le titre de maréchaux de l'Empire» : Kellermann, Lefebvre, Pérignon, Sérurier.

Au total, ce sont vingt-deux maréchaux qui seront nommés durant l'Empire. Les huit suivants sont : Victor (19 juillet 1807), Mac Donald, Marmont, Oudinot (12 juillet 1809), Suchet (8 juillet 1811), Gouvion Saint-Cyr (27 août 1812), Poniatowsky (16 octobre 1813) et Grouchy (15 avril 1815). Toutefois, le nombre des maréchaux en vie et en activité ne dépasse jamais le nombre de seize.

Contrairement à certaines idées reçues, et bien que cette récompense soit la plus haute distinction pour un militaire, le maréchalat est une dignité civile donnant la présidence d'un collège électoral et un rang à la cour.

Gloire et trahisons

Les maréchaux participèrent à la gloire et aux tragédies de cette période et jouèrent un rôle fondamental dans les succès mais aussi les défaites des armées de l'Empereur. Par leurs faits d'armes, ils ont contribué à la légende napoléonienne : Murat à la tête de furieuses charges de cavalerie ; Ney surnommé le Brave des Bravespour son courage hors du commun ; Davout et sa victoire décisive d'Auerstedt ; Lannes et son panache héroïque, tué à la bataille d'Essling en grande tenue avec l'ensemble de ses décorations, déclarant peu de temps avant sa mort : «Il faut que les officiers paraissent sur le champ de bataille, aux yeux du soldat comme s'ils étaient à la noce».

D'autres, au contraire, ternirent leur bâton de Maréchal par une incompétence tragique comme Grouchy, coupable de passivité quand le reste de l'armée française se meurt à Waterloo à quelques kilomètres de ses positions.

Le corps des maréchaux d'Empire eut donc face à l'Empereur une fidélité mitigée. Napoléon n'est pourtant pas avare d'honneurs et de récompenses envers eux. Ils sont anoblis (sauf Brune, Jourdan et Poniatowsky) et acquièrent des titres de comte, duc ou prince au sein de la nouvelle noblesse impériale. Ils sont faits «grand cordon», le plus haut grade de la légion d'honneur. Certains obtiendront même une couronne royale comme Murat, qui deviendra roi de Naples et Bernadotte roi de Suède, dont les descendants règnent toujours actuellement sur ce royaume !

Tous ces honneurs et ces richesses accumulés eurent un effet pervers. Lassés par les guerres incessantes et désireux de profiter de leur récente fortune, progressivement, les maréchaux perdirent leur combativité et s'opposèrent toujours plus ouvertement à l'Empereur et à sa politique, jugée trop belliqueuse.

Lors de la première abdication d'avril 1814, les maréchaux jouèrent d'ailleurs un rôle décisif en convainquant Napoléon d'abdiquer face à la déferlante des armées alliées submergeant la France. L'Empereur, malgré la perte de Paris, souhaitait toutefois continuer la lutte. C'est l'attitude résolue de ses maréchaux à faire cesser le combat qui réussit à le convaincre d'arrêter toute résistance.

En 1816, la plupart des maréchaux sont encore vivants et gardent leur titre de maréchal. Certains sont morts au champ d'honneur : Bessières, Lannes et Poniatowski. D'autres encore, Murat et Ney, ont été fusillés à la Restauration. Brune a été lynché lors de la terreur blanche et Berthier est mort dans des circonstances troubles. Quelques-uns sont même honorés par la monarchie qui cherche à affirmer son autorité sur une armée encore très attachée au régime impérial et qui verrait d'un mauvais oeil ses chefs déshonorés.

  • 19 mai 1974 : Élection de Valéry Giscard d'Estaing

Le dimanche 19 mai 1974, Valéry Giscard d'Estaing (48 ans) devient le troisième président de la Ve République... Le nouvel élu est le fondateur et le chef d'une formation centriste, les Républicains Indépendants, ancêtre de l'UDF (Union pour la Démocratie française)...

Le dimanche 19 mai 1974, Valéry Giscard d'Estaing (48 ans) devient le troisième président de la Ve République.

Il ne restera au palais de l'Élysée que pendant sept ans mais son septennat n'en reste pas moins l'un des plus féconds de la Ve République.

Élection de VGE

Bien que la maladie du président Georges Pompidou fût depuis plusieurs mois devenue visible à tout un chacun, la classe politique se laisse surprendre par sa mort, survenue le 2 avril 1974.

Cependant que le président du Sénat, Alain Poher, assure pour la deuxième fois l'intérim présidentiel, le ministre de l'économie Valéry Giscard d'Estaing (48 ans) prend les devants dans la campagne électorale. Ce jeune surdoué d'origine bourgeoise, gâté par la vie et la politique, va l'emporter à l'arraché !

Malgré la modestie de son parti centriste, les Républicains Indépendants, ancêtre de l'UDF (Union pour la Démocratie française), Giscard d'Estaing marginalise le candidat du puissant parti gaulliste, Jacques Chaban-Delmas, grâce à la «trahison» de Jacques Chirac, ministre de l'Intérieur dans le gouvernement sortant.

C'est ainsi que VGE est élu d'extrême justesse au second tour face au candidat unique de la gauche, François Mitterrand (58 ans). Ce dernier avait déjà affronté le général de Gaulle aux élections présidentielles de 1965.

Réformes tambour battant

VGE place d'emblée sa présidence sous le signe de la jeunesse et du renouveau en se donnant un Premier ministre de 42 ans... Jacques Chirac.

Le gouvernement innove avec un ministère de la Condition féminine (confié à Françoise Giroud, intellectuelle qui avait pourtant appelé à voter Mitterrand)... et même un ministère des Réformes dont le titulaire, Jean-Jacques Servan-Schreiber, sera congédié au bout de quelques jours pour avoir manifesté contre les essais nucléaires !

Les réformes se succèdent tambour battant :

– 3 juillet 1974 : désireux de lutter contre la montée du chômage, le gouvernement croit utile aussi de suspendre l'entrée de travailleurs étrangers ; cette politique de «préférence nationale» dans l'emploi sera plus tard complétée par un encouragement à l'immigration familiale (décret du 29 avril 1976).

– 5 juillet 1974 : la majorité civique, qui était fixée à 21 ans depuis 1848, est abaissée à 18 ans (en ouvrant le droit de vote à 2,5 millions de jeunes majoritairement portés à gauche, le président signe sa défaite sept ans plus tard).

– 7 août 1974 : l'ORTF (monopole public de la radio et de la télévision) est démantelée et donne naissance à sept chaînes concurrentes ; c'est un premier pas vers l'indépendance des médias audiovisuels.

– 14 octobre 1974 : indemnisation des chômeurs licenciés économiques sur la base de 90% de leur dernier salaire pendant un an (cette mesure trop généreuse va s'avérer inadaptée à la crise économique mondiale qui vient d'éclater et sera rapidement abrogée).

– 21 octobre 1974 : possibilité pour 60 députés ou 60 sénateurs de saisir le Conseil constitutionnel (cette révision de la Constitution va se révéler à l'usage d'une grande importance).

– 26 octobre 1974 : la loi Neuwirth de 1967, qui autorisait la contraception féminine (la«pilule»), est complétée par une nouvelle loi qui prévoit le remboursement de la contraception par la Sécurité sociale.

– 28 novembre 1974 : vote de la loi Veil au terme d'un débat parlementaire houleux et avec le concours des députés de gauche. Cette loi, qui légalise l'avortement (pendant une période d'observation de 5 ans), est promulguée le 17 janvier 1975...

À noter aussi les années suivantes l'introduction du divorce par consentement mutuel (11 juillet 1975), l'instauration du collège unique dans le but de favoriser un égal accès de tous les enfants à l'enseignement, la généralisation de la mixité dans les écoles, l'abolition de la censure, l'extension de la Sécurité sociale aux non-salariés (une mesure capitale pour les commerçants et les artisans), l'élection du maire de Paris au suffrage universel (31 décembre 1975)...

Le gouvernement tente par ailleurs d'endiguer la crise économique avec une maladresse qui n'est pas sans rappeler celle de Pierre Mauroy en 1981 :
– création de l'autorisation administrative de licenciement,
– forte augmentation des allocations familiales et du minimum vieillesse,
– relance de l'activité minière avec l'embauche de nouveaux mineurs, notamment marocains...

Par des gestes symboliques, Valéry Giscard d'Estaing veut aussi décoincer les pratiques républicaines, non sans parfois susciter le sourire : abandon de la jaquette pour le veston, descente à pied des Champs-Élysées le jour de son intronisation, changement du tempo de la Marseillaise, défilé du 14-Juillet à la Bastille, dîners informels chez des Français ordinaires, réception de Français ordinaires à l'Élysée, petit-déjeuner en compagnie des éboueurs de son quartier...

Mayotte française

L'un des changements les plus lourds de conséquences de l'ère giscardienne, passé complètement inaperçu, est sans doute l'intégration de Mayotte à la République.Mayotte est un rocher surpeuplé de 300 km2 (100.000 habitants en 1974, plus de 200.000 en 2000), dans l'archipel des Comores, entre Madagascar et l'Afrique. Ce sultanat archaïque est occupé par un roi malgache et cédé à la France, qui en prend possession le 13 juin 1843. L'archipel devient plus tard une dépendance de la colonie de Madagascar.

Le 22 décembre 1974, un référendum doit donner l'indépendance à cette ultime colonie française. Mais les Mahorais (habitants de Mayotte) ne veulent pas du futur chef d'État pressenti par la France. En conséquence, ils votent non au référendum et se retrouvent derechef citoyens à part entière d'un pays, la France, dont ils ignorent tout. Mayotte, repliée sur sa culture ancestrale, administrée par des fonctionnaires métropolitains, déstabilisée par une immigration massive, est en passe d'être transformée en 2009 en département d'outre-mer.

Secousses mondiales

Le chef de l'État a la malchance d'arriver au pouvoir juste après la guerre du Kippour. Tandis que la France prend un coup de jeune, l'Europe entre dans une interminable crise de langueur mais nul n'en a encore conscience... de sorte que l'opinion française ne va pas manquer d'attribuer au président les méfaits de la crise économique et de la poussée du chômage.

La fin des Trente glorieuses suscite dans le monde de nouveaux déséquilibres géopolitiques. L'Occident doit bientôt faire front au génocide de Pol Pot au Cambodge, à la montée de l'intégrisme en Iran et à l'invasion soviétique de l'Afghanistan.

Guerre intestine

Valéry Giscard d'Estaing accentue le caractère présidentiel du régime et donne des instructions tous les six mois, de façon si directive que son Premier ministre, exaspéré, finira par claquer la porte au bout de deux ans.

Le 25 août 1976, Jacques Chirac, qui a conquis quelques mois plus tôt le parti gaulliste, claque brutalement la porte du gouvernement : «Je ne dispose pas des moyens que j'estime aujourd'hui nécessaires pour assurer efficacement mes fonctions de Premier ministre et, dans ces conditions, j'ai décidé d'y mettre fin». Il se pose désormais en rival de VGE et inaugure la guérilla contre le président en dénonçant le«socialisme rampant» de ce dernier.

Le nouveau Premier ministre, un professeur d'économie du nom de Raymond Barre présenté par le président comme le «meilleur économiste de France», se détourne des réformes de société. Il corrige avec un certain succès les erreurs d'orientation économique des deux premières années de la présidence.

Le président se montre de son côté très actif en politique étrangère :
– création du Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement,
– élection du Parlement européen au suffrage universel direct,
– création en 1979 du Système monétaire européen (SME), prélude à la monnaie unique,
– instauration du dialogue Nord-Sud, création du G7 (réunion périodique des principaux dirigeants du monde).

Le 19 mai 1978, il s'honore en envoyant sans tergiverser des paras sur Kolwezi, une cité minière du Congo ex-belge où plusieurs milliers d'expatriés européens sont menacés de mort par des rebelles katangais.

Il n'empêche que la lassitude de l'opinion, les coups de boutoir des chiraquiens et leurs appels à peine camouflés à voter pour le candidat de la gauche entraînent sa défaite aux élections présidentielles de 1981.

L'heure du laitier

Le 10 octobre 1979, Le Canard enchaîné publie une révélation selon laquelle Valéry Giscard d'Estaing, du temps où il était ministre des Finances, aurait reçu des diamants du président centrafricain Bokassa pour une valeur prétendue d'un million de francs ! Le président s'enferme dans la dénégation et l'affaire va être exploitée contre lui dans la campagne présidentielle de 1981.

Le président est atteint aussi par des rumeurs allusives à sa vie dissipée et à ses nombreuses aventures sentimentales.

Ainsi évoque-t-on un accident qu'il aurait eu en rentrant au volant d'une Ferrari, en galante compagnie, au petit matin, «à l'heure du laitier». Se méprenant sur le sens de l'expression, les médias vont évoquer une collision avec la voiture d'un laitier, oubliant le fait que dans les années 1970, à Paris, on ne livre depuis longtemps le lait à domicile !

  • 19 mai 1978 : Les paras sautent sur Kolwezi

Le 19 mai 1978, 405 parachutistes du 2e REP (Régiment Étranger de Parachutistes) de la Légion étrangère sautent sur Kolwezi, une cité minière du Katanga ou Shaba (Zaïre, ex-Congo belge) où des rebelles ont pris en otage les 3000 expatriés belges et français (plusieurs dizaines ont déjà été massacrés). 250 parachutistes supplémentaires sautent le lendemain matin.

L'intervention a été décidée dans l'urgence par le président Valéry Giscard d'Estaing. C'est un succès. Les Européens survivants sont évacués et l'ordre revient dans la ville. On déplore toutefois 170 morts et disparus parmi les civils européens, 700 environ parmi les Zaïrois, ainsi que cinq morts, vingt blessés et six disparus parmi les membres de la mission militaire française présente à Kolwesi, un mort parmi les parachutistes belges et un mort parmi les parachutistes marocains venus en soutien logistique...

La Légion Étrangère saute sur KOLWEZI le 19 mai 1978
La Légion Étrangère saute sur KOLWEZI le 19 mai 1978
La Légion Étrangère saute sur KOLWEZI le 19 mai 1978

La Légion Étrangère saute sur KOLWEZI le 19 mai 1978

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J
Respect à nos soldats de la Légion Étrangère.
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