REFORME DES RYTHMES SCOLAIRES / suite...
Première rentrée pour la réforme des rythmes scolaires pour tous
par Martine Kis
Depuis le 2 septembre, 12 millions d'élèves, dans 24 000 communes, sont censés vivre les nouveaux rythmes scolaires. Selon le ministère, seuls 20 à 30 communes ne les ont pas mis en place. D'autres, en nombre inconnu, les appliquent mais refusent de s'impliquer dans les activités périscolaires.
En ce jour de rentrée, les traditionnels reportages sur les pleurs des enfants, ont pratiquement laissé place aux récriminations des maires sur les rythmes scolaires. A instar de Thierry Lazaro, maire (UMP) de Phalempin (Nord), qui, sur Europe 1, lance le « cri de colère des maires » , refuse d’ouvrir ses écoles le mercredi et attend la décision du préfet.
Même opposition de la part de René Raimondi, maire (PS) de Fos-sur-Mer. Chez lui, les horaires des écoles seront bien modifiés. L’école s’achèvera à 16 heures au lieu de 16h30 et les instits seront en poste le mercredi matin. Mais les bus scolaires n’arriveront qu’à 16h30 et seront absents le mercredi.
« Avec les parents d’élèves »
Le maire se donne deux mercredis pour faire entendre sa différence. Après, « si on n’a pas de réponse (…), on n’est pas fous (…) on ne va pas priver nos enfants de trois heures d’enseignement. Avec les parents d’élèves, on est bien conscient de ça, on va se voir dès demain soir pour décider de la suite », tempère-t-il.
Selon Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, seules « une vingtaine ou une trentaine » de communes, sur 24 000, refusent d’appliquer les nouveaux rythmes scolaires. « Dans les communes où les maires scellent l’entrée de l’école, nous ferons en sorte que tribunal administratif puisse leur enjoindre d’ouvrir l’école », a-t-elle prévenu.
Selon elle, l’ouverture du mercredi matin ne coûte rien aux communes. « L’organisation du temps scolaire c’est l’Etat qui le décide et l’Etat seul (…) Ce qui relève des maires, c’est l’organisation du périscolaire », a-t-elle insisté.
Refus d’organiser le périscolaire
C’est précisément pourquoi un certain nombre de communes appliquent les nouveaux horaires, mais refusent d’organiser le périscolaire. A Marseille, le maire, Jean-Claude Gaudin, repousse la mise en place la réforme à la Toussaint et demande donc aux parents, à leur grand mécontentement, de venir chercher leurs enfants en fin de matinée le vendredi. Certains parents ont déposé un recours en référé auprès du tribunal administratif de Marseille pour obliger la mairie à organiser une garderie provisoire.
Reproche commun à la plupart des maires opposants : le gouvernement a imposé la réforme par décret et non par la loi, ce qui la rendrait en quelque sorte illégitime. Gilbert Meyer, maire (UMP) de Colmar, qui attend avant d’organiser quoi que ce soit, a déposé pour cette raison un recours en Conseil d’Etat contre le décret de Vincent Peillon.
Assouplissement pour 2 951 communes
Parmi les bonnes élèves, toutes les communes n’appliquent cependant pas la même réforme. En effet, le décret Hamon du 7 mai 2014, qui ouvre des possibilités d’assouplissements bien encadrés, permet de regrouper les 3 heures d’activités pédagogiques complémentaires sur une demi-journée.
Selon le ministère, 2 951 communes ont opté pour cette solution. C’est ce qui permet à Marseille de libérer le vendredi après-midi, de même qu’Aubagne ou La Ciotat. Détail intéressant : parmi ces communes, 111 font partie des 4 000 ayant mis en place la réforme dès l’année dernière. Preuve qu’elles avaient besoin d’un temps de mise en place supplémentaire.
Le problème du coût
Outre l’absence de concertation de la part du gouvernement, ce que les maires reprochent surtout à la réforme est, depuis l’origine, son coût, pris partiellement en charge par le fonds d’amorçage. Ce fonds sera bien prolongé pour l’année scolaire 2015-2016. Mais rien sur le niveau de l’enveloppe ni sur la suite.
C’est pourquoi l’Association des maires de France (AMF), qui estime le coût annuel de la réforme à environ un milliard d’euros, demande que « cette réforme fasse l’objet d’un financement durable », n’acceptant pas que « soient mises à la charge des communes de nouvelles dépenses non compensées ».
L’Association des maires ruraux de France (AMRF) rappelle, quant à elle, « son accord sur l’objectif de la réforme », mais rappelle que « la question des moyens et la qualité de ces nouveaux temps est posée ».